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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/208

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critique sociale

d’un peuple, évolution de l’humanité. L’invasion des barbares ? infusion de sang jeune et neuf dans les vieilles veines de l’Empire romain. La trombe des Germains et des Hans n’a passé sur le monde latin que pour en purifier l’atmosphère corrompue. Ouragan providentiel ! Quant aux populations et aux villes que le fléau a couchées sur son passage,… nécessité… marche fatale du progrès. Tout est bien qui a enfanté le présent, c’est-à-dire nous. Pas d’avances trop dispendieuses pour un si beau produit.

Mais s’agit-il des générations à venir ? Quel changement ! A l’insensibilité succède une passion délirante. On est pris d’une telle furie de tendresse devant ces pouparts en perspective, qu’on se hâte de les mettre sous clé, afin de les préserver des accidents. Leurs pas, leurs gestes, sont comptés, équilibrés, crainte de chute. Tout est réglé d’avance, comme un papier de musique, pour les pauvres petits automates, et à perpétuité, s’il vous plaît. Religion perpétuelle, dynastie perpétuelle, lois perpétuelles, et surtout dette perpétuelle, en payement légitime de tant de sollicitude et d’amour.

Hé ! bonnes gens, quand vous aurez rejoint vos ancêtres, on fera de vous le cas, et un peu moins, que vous avez fait d’eux. Après s’être mises à l’abri de l’infection de vos carcasses matérielles, les poupées à ressorts de votre usine casseront