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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/244

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critique sociale

elle-même le fléau de l’invasion et de l’inondation. Que redoute-t-i1 ? l’abondance.

« Voici un homme d’État. Il s’effraie de tous les moyens de satisfaction que le travail accumule dans le pays, et, croyant apercevoir dans les profondeurs de l’avenir le fantôme d’un bien-être révolutionnaire et d’une égalité séditieuse, il imagine de lourds impôts, de vastes armées, des dissipations de produits sur une grande échelle, de grandes existences, une aristocratie artificielle chargée de remédier, par son luxe et son faste, à l’insolent excès de fécondité de l’industrie humaine. Que redoute-t-il ? l’abondance.

« Enfin, voici un logicien qui, dédaignant les voies tortueuses et allant droit au but, conseille de brûler périodiquement Paris, pour offrir au travail l’occasion et l’avantage de le reconstruire. Que redoute-t-il ? l’abondance. »

La moquerie sur le protectionniste est vraie et sincère. Le protectionniste a peur en effet de l’abondance. Mais la raillerie est de mauvaise foi contre les hommes d’État et les brûleurs de Paris. Aucun homme d’État ne redoute l’abondance. Tous la désirent, au contraire, même quand leurs sottises l’entravent. Ce qu’ils veulent, c’est la domination, les richesses, la jouissance, et ils ne peuvent s’en donner le monopole que par l’écrasement des masses.