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critique sociale

cette Somme, puisque c’est ce dont vous lui faites un grief.

« Mais, de même, celui qui lui vend la terre ou la rente, est déterminé par cette considération qu’il a besoin de dépenser les 10.000 francs d’une manière quelconque. »

Qu’en savez-vous ? Il y à ici une équivoque dans le mot dépenser. Est-ce dépenser en achats d’objets que l’on consomme, ou dépenser en placement quelconque ? Ariste n’en sait rien et peu lui importe. Il achète une terre ou une inscription. Il accroît son capital et son revenu par un fermage et par une rente. Rente et fermage sont un prélèvement capitaliste sur le travail d’autrui. Quant au vendeur de l’immeuble ou de l’inscription, pourquoi, dans cette opération, ne chercherait-il pas le moyen d’obtenir de son capital un revenu supérieur, par un placement plus productif ?

« De telle sorte », continue Bastiat, « que la dépense se fait, dans tous les cas, ou par Ariste, ou par ceux qui se substituent à lui. »

Ceci est une escobarderie qui prouve la mauvaise foi de l’auteur. Il sent bien qu’Ariste fait acte d’égoïsme et d’exploitation, et il cherche à le déguiser sous la prétendue dépense que doit faire le vendeur. À supposer en effet que le vendeur eût besoin d’argent pour une consommation quelconque, Ariste n’en commet pas moins son acte usuraire.