le demande pas. Si vos écus doivent vous faire faute, gardez-les, Rien de mieux. Si, au contraire, vous pouvez vous passer des choses qu’ils vous auraient procurées, c’est que vous n’en avez pas besoin, et je n’ai point à vous indemniser d’une privation imaginaire.
Gobseck. — Faites excuse, je me prive réellement… pour vous obliger.
Lazare. — Dites donc pour me rançonner. Vous ne me rendez pas un service, vous faites une spéculation, et pas propre du tout, voisin.
Gobseck. — Comment, pas propre ! Dirait-on pas que je vous mets le couteau sur la gorge ! Je n’ai pas été chez vous. C’est vous qui êtes venu chez moi. Vous désiriez emprunter, Mes conditions ne vous conviennent pas ; restons-en là. Si vos eaux sont basses, ce n’est pas ma faute.
Lazare. — Si fait bien, c’est votre faute, et beaucoup plus que vous ne croyez.
Gobseck. — Ah ! par exemple ! voilà du nouveau ! Me suis-je mêlé de vos affaires, par hasard ? Je ne m’occupe que des miennes. Comment donc vous aurais-je fait tort ? Est-ce en travaillant du matin au soir ? Ce que je possède, je l’ai bien gagné. Personne n’a rien à y voir.
Lazare. — Peut-être. Je travaille dur, moi aussi, plus dur que vous, sans vous offenser, et cependant je n’ai pu joindre les deux bouts, cette fois. Il faut que j’emprunte.