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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/29

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l'usure

Gobseck. — Dame ! si vous mangez tout.

Lazare. — Je suis menuisier, Je ne mange pas mes planches peut-être.

Gobseck. — Je le pense bien, Mais, si vous mangez l’argent qu’elles vous rapportent, ça revient au même.

Lazare. — Il faudrait les avoir vendues d’abord, pour en manger l’argent, et si je suis forcé d’emprunter, c’est justement parce qu’elles me restent sur les bras, Prenez-les-moi. J’aurai la monnaie qui me manque et vous aurez de bons meubles.

Gobseck. — Je vous ai déjà répondu qu’il ne m’en fallait pas.

Lazare. — Hum ! Il ne vous en faut pas ! C’est-à-dire que vous n’y tenez pas. Car il n’est point trop cossu votre mobilier, voisin. M’est avis que buffets et tables sont de ces objets dont vous vous privez généreusement, pour rendre service à cinq du cent.

Gobseck. — Est-ce trop cinq à votre idée ? Il n’en manque pas qui prennent dix, et quinze, et vingt.

Lazare. — Ma foi, quand on prend du galon, on n’en saurait trop prendre. Vous me demandez cinq, parce que je ne montre pas encore trop la corde. Je ne m’y fie pas autrement, savez-vous ? Mais, voyons ! Puisque vous n’êtes point meublé, pourquoi n’achetez-vous pas ma pauvre marchandise ?