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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/31

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l'usure

autres aussi, du cordonnier, par exemple, du tailleur…

Gobseck. — Je porte des sabots, c’est plus chaud et moins cher, et je fais faire mes habits à la maison.

Lazare. — Dans ce cas, c’est le sabotier et le marchand de drap qui vous pourvoient., S’il n’y en avait pus ?

Gobseck. — Eh ! je me ferais des espadrilles et des vêtements de peau.

Lazare. — Comme du temps des sauvages, quand chacun cultivait son lopin de terre, tuait du gibier, fabriquait ses hardes, ses armes, ses outils, et bâtissait sa hutte, Je me demande souvent si ce n’était pas le bon temps pour le pauvre monde. On n’était pas cossu, c’est vrai ; mais avec son travail, on pouvait loger, nourrir, défendre sa petite famille, On n’avait pas tant de milliers de fainéants à entretenir dans le luxe. On ne dépendait de personne, et l’on ne se trouvait pas à la merci de ces maudits écus qui sont maîtres de tout.

Gobseck. — Vous parlez ainsi, parce que vous Ni en avez pas.

Lazare. — Vous parlez autrement, parce que vous en avez. Ils vous donnent barre sur tout un chacun, et vous tenez la dragée haute.

Gobseck. — Ils sont à moi, et j’en fais ce que je veux, C’est mon droit.