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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/44

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critique sociale

dans l’avenir, vous diminuerez la partie mobile de la dépense, le salaire.

Vous le voyez, c’est le même métier qu’auparavant. Vous prêtez votre argent à six, plus un profit discrétionnaire pour la direction de l’entreprise. Ce profit est une espèce de salaire pour le travail de l’entrepreneur, salaire assez légitime, s’il n’était point exagéré. Malheureusement, il l’est toujours. Quant aux six pour cent du capital, c’est tout simplement l’usure,

Gobseck. — Et les chances de perte ? L’ouvrier ne risque rien. Il touche sa paie quand même. L’entrepreneur est toujours suspendu entre le gain et la ruine.

Lazare. — L’ouvrier ne risque rien, parce qu’il n’a rien. Bel avantage ! L’expérience démontre que le capital lui accorde tout juste la ration suffisante pour ne pas mourir de faim. Quant au capitaliste, l’expérience prouve aussi que l’enrichissement est la règle, et la ruine une très rare exception.

Gobseck. — C’est égal, la direction d’une usine est une rude besogne, et l’on y gagne bien ses appointements. Ce n’est plus le prêteur, assis devant son registre d’échéances, pour veiller aux rentrées. Si je fais une fortune, elle sera bien le fruit de mon travail…

Lazare. — Et surtout du travail de vos ouvriers qui ne feront point fortune, eux, et