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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/51

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l'usure

il retombe, gare à lui ! Ce n’est plus qu’une mauviette. On n’en fait qu’une bouchée.

Grâce à cet ingénieux mécanisme, le pays se compose d’une volée nombreuse de vautours, plumant avec ardeur des millions de pigeons qui se trouvent à tous les degrés de dépilage. Tant que j’étais établi, je conservais des plumes. Il ne me reste que le poil follet. Me voilà ouvrier.

Gobseck. — Ce n’est pas gai, tout cela. Tu crois que mon fils sera un fainéant.

Lazare. — Oh ! Ça, oui. Il ne se foulera pas la rate, j’en réponds, pas plus assis, le nez sur son livre d’échéances, que debout à courir les ateliers et la pratique. Il aura des chevaux, des maîtresses, beaucoup d’amis, et mènera grand train, Du reste, soyez tranquille, le travail aussi ira bon train à son service. Le capital est là. Une fois fait, il marche fout seul et se charge de la vendange. Le capitaliste n’est plus nécessaire que pour boire le vin. Pourvu qu’il n’en avale pas au delà des quantités que fournit son pressoir, il pourra se soûler à l’aise, de père en fils, jusqu’à la consommation des siècles. Les tonneaux se rempliront, sans qu’il s’en mêle. Il n’aura que la peine de les vider. Capital est à la fois rude maître et chien dévoué. Il rapporte aussi bien qu’il traque. On peut s’en fier à lui.

Gobseck. — Tu dis ça d’un air tout drôle. Tu as ta part du gibier, pourtant.