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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/62

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critique sociale

contre son oppresseur matériel, il tombe bientôt à genoux devant le dictateur de sa conscience.

Des trois jougs qu’il subit, le plus lourd est celui du capital. Les deux autres lui servent de gendarmes. L’histoire romaine n’est qu’un long récit de la lutte entre le capital et le travail. Discordes et guerres, tout sort de là. La création et la chute des Décemvirs, l’institution du Tribunat, sont des épisodes de ce conflit, aussi bien que les conquêtes, spécifique invariable de l’émeute. On conjure la guerre civile par la guerre étrangère. Quand le Peuple, à bout de souffrances, va se lever, le flamine intervient au nom des dieux, le consul enrôle des soldats, et précipite toutes ses colères sur les infortunés voisins.

L’insatiable avidité de l’aristocratie trouvait doublement son compte à ce Jeu : au dedans maintenir l’ilotisme, au dehors se créer d’immenses propriétés avec les terres des vaincus. C’était la mode du temps. On s’adjugeait la moitié des domaines conquis. Nous ne dirons rien de cette mode. Elle n’existe plus. En bonne justice du moins, chaque vainqueur aurait dû avoir sa part. Eh ! bien, non ! tout pour les chefs, rien pour les soldats. Les pauvres diables, décimés par les batailles, revenaient tristement endosser le collier de misère, après avoir donné des provinces à leurs maîtres.

Nouveau sujet de discorde dans la cité, comme