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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/63

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l'usure

on pense. Les tribuns réclament le partage des terrains acquis par le sang du peuple. Les patriciens se voilent la face d’indignation devant une pareille monstruosité. Ils crient à la spoliation, au brigandage, au sacrilège, les invectives et les châtiments commencent contre les partageux. Les Gracques, deux petits-fils de Scipion cependant, les Gracques qui avaient osé proposer une loi pour le partage des terres conquises, une loi agraire, périssent assommés par les casse-tètes des sergents de ville et les gourdins réunis des valets de grande maison. La loi agraire est vouée aux malédictions de l’univers, et la malédiction retentit encore.

Les procédés de la tyrannie sont immuables. On les retrouve partout et toujours, debout sur les mêmes assises. l’ignorance et la crédulité. La guerre-diversion n’est par une recette perdue. Les despotes modernes ont adopté cette méthode dérivative. Ils calment la fièvre de leurs sujets par des saignées à blanc sur les champs de bataille, et les sujets sont glorieux, ravis. On ne sait qu’admirer le plus, ou le sans-gène féroce du chirurgien, ou la stupidité des patients.

Chez nous, la finance n’a plus que la seconde place dans ces opérations. Elle ne les approuve d’ailleurs qu’après la clôture, quand elle peut recueillir, sans danger les bénéfices de la servitude, prix ordinaire du traitement. À Rome, le