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Page:BLANQUI - Critique sociale, I.djvu/78

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critique sociale

admirable de charrier partout son Capital avec soi-même quand on est sans chemise, in naturalibus ? Un avocat à pour capital sa langue, un ouvrier ses bras, une couturière ses dix doigts, un facteur ses jambes, un portefaix ses épaules, et un chacun son cerveau, quand il a un cer- Veau. Oui, mon ami, tout homme est un capital, Je Suis capital, tu es capital, ton frère est capital, nous sommes tous capitaux. Embrassons-nous. Si l’affaire ne s’arrange pas, à qui la faute ? »

C’est le Dieu panthéiste, ce capital-Protée. Il n’est pas seulement toute personne, il est encore toute chose. Champs, prés et bois, maisons, chemins et ponts, marchandises, denrées de toute nature, meubles et immeubles, toujours capital, travail accumulé. C’est bizarre. Les maisons paraissent bien en effet du travail accumulé, brique sur brique, ou pierre sur pierre. Mais une forêt vierge, le plus plantureux des capitaux, l’économie politique en fait-elle aussi du travail accumulé ? L’homme n’y a jamais mis la main, ni le pied, et de là justement provient sa grande valeur.

Les terres de la Virginie, où se trouvent accumulés deux siècles de travail continu, sont des terres usées, finies, insensibles à la fumure, et celles du Farwest (savanes de l’Ouest américain), que nul n’a touchées, constituent un trésor incomparable. Les champs sont d’autant moins