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Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome I.djvu/230

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LA FEMME DU DOCTEUR.

des airs mélancoliques à la Byron sous prétexte que son cœur était vide et meurtri. C’était un garçon d’esprit et il ne se posait pas en Lara, non plus qu’il ne rabattait ses cols ou qu’il ne laissait croître sa barbe. Il se bornait à prendre la vie comme elle venait et se montrait particulièrement indulgent pour les folies et les vices des hommes dont il attendait si peu de choses.

Il était revenu dans le Midland, parce qu’il était las de ses excursions sur le continent ; mais, avant la fin de la semaine, il était déjà fatigué de Mordred. Gwendoline le questionna avec insistance sur la façon dont il avait passé l’après-midi précédente, et il lui répondit très-franchement qu’il était allé dans le parc de Hurstonleigh pour voir Raymond, et qu’il avait passé une heure ou deux à causer avec son vieil ami, pendant que M. et Mme Gilbert s’amusaient avec les enfants et préparaient un thé rustique, ce qui aurait fourni un sujet de tableau à Watteau, si Watteau avait été un Flamand.

— Je vous assure, Gwendoline, que c’était charmant, — dit-il. — Mme Gilbert prépara le thé que nous prîmes à l’état bouillant. Les deux enfants reluisaient de l’éclat des tartines de beurre. Le docteur me paraît un excellent garçon, c’est un tigre de vertu à ce que dit Raymond, et pendant le thé il nous a entretenus d’un cas fort intéressant de gangrène.

— Ah ! le docteur… c’est M. Gilbert, n’est-ce pas ? — dit Gwendoline. — Et que pensez-vous de sa femme, Roland ? Si j’en juge à la manière dont vous l’avez examinée, votre opinion doit être faite sur elle.

— L’ai-je examinée ? — dit Lansdell avec une nonchalance suprême. — C’est, ma foi, vrai ; j’ai l’habi-