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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/138

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LES OISEAUX DE PROIE

vie, et il n’entendait plus le son de l’or avec la même plénitude de volupté.


CHAPITRE II

CHARLOTTE

Juste un an après le départ précipité de Diana de Spa, par une belle après-midi d’été, nous nous trouvons à Bayswater dans la plus ravissante petite villa qui se pût voir. Si la maison du dentiste, dans le triste quartier de Bloomsbury, avait paru avoir quelque aspect, il faut convenir que l’élégante maison du riche agent de change, voisine de l’aristocratique Éden des jardins de Kensington, avait très-grand air. Le petit domaine de Sheldon s’appelait La Pelouse. Il avait à peu près un demi-acre de superficie ; il y avait un joli jardin, un potager, une serre, des écuries pour deux chevaux, une sellerie ; au milieu du jardin, une maison ni petite ni grande, gothique, presque renaissance, avec de hautes fenêtres ogivales. Cette maison était surchargée d’ornements en pierre, en bois, qui surgissaient de partout. L’intérieur de la maison actuelle de Sheldon ne rappelait en rien le style vieillot et banal que l’on avait remarqué dans la maison de Fitzgeorge Street. Philippe avait vendu ses meubles de famille pour liquider ses engagements et avait meublé sa villa gothique dans le goût le plus à la mode, mais sans aucune prétention artistique. Tout y était propre, bien soigné, correct ; cela rappelait un peu les appartements garnis des bains de mer ; ni laisser-aller, ni désordre, ni