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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/227

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LES OISEAUX DE PROIE

— Et, sans doute, la tante en question… une pauvre vieille parente dont il doit être un peu honteux… pensionnaire dans quelque hospice… les espérances de Valentin peuvent se réduire à une douzaine de livres cachées dans un pot.

— J’aurais pensé que Haukehurst eût été le dernier homme du monde à se préoccuper de ces misères. J’étais à même de lui donner beaucoup de travail s’il fût resté à Londres. Lui et mon frère George sont intimement liés, il me semble ? » ajouta gravement Sheldon.

Il avait coutume de se défier de son frère et de tous ceux qui le fréquentaient.

« Je présume que vous pouvez me donner l’adresse de M. Haukehurst ?… Je puis avoir à lui écrire, ajouta-t-il »

— Il m’a dit d’adresser les lettres poste restante, à Dorking, répondit le capitaine, ce qui semble bien indiquer que la tante doit être domiciliée dans quelque hospice. »

Ils ne parlèrent plus du départ de Valentin. Paget conclut avec son patron l’affaire qui l’avait amené, et se retira, laissant l’agent de change penché sur son bureau : il semblait réfléchir profondément et traçait sur son buvard des figures fantastiques.

« Le départ de ce jeune homme est singulier, pensait-il, et il y a quelque chose là-dessous. Il n’est pas allé à Dorking, car il n’eût pas dit à Charlotte qu’il allait à cent cinquante milles de Londres. Elle l’a probablement pris au dépourvu et il lui aura dit la vérité. Je suis curieux de savoir si Paget est dans le secret. Il semble assez franc, mais on ne sait sur quoi compter avec un pareil homme. J’ai remarqué que lui et George se montraient très-confiants l’un envers l’autre dans