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LES OISEAUX DE PROIE

de l’histoire de la famille, et aussi pour ne pas faire mentir le vieil adage : Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable.

« J’assurai le recteur que je serais heureux de l’entendre.

« — Je dois commencer par vous dire que je vous rapporte cette histoire telle qu’elle m’a été racontée à moi-même par mon vieux clerc et qu’elle pourra par conséquent vous paraître assez mystérieuse, mais il y a sur le registre de la paroisse une inscription qui indique qu’elle n’est pas dénuée de fondement. En tous cas, sans faire un plus long préambule, la voici telle qu’elle est.

« Le recteur s’assit sur une tombe en ruines, pendant que je restais appuyé contre la grille, les yeux tournés vers lui.

« — Un mois ou deux avant la mort de Matthieu Haygarth une sorte de mélancolie s’était emparée de lui, dit le recteur, soit qu’il ne fût pas heureux avec sa femme, soit qu’il sentît sa fin approcher ; c’est ce que je ne puis dire. Il ne faut pas oublier que celui qui m’a raconté le fait n’était à cette époque qu’un petit garçon, et que lorsqu’il m’en parlait, c’était un vieillard de plus de soixante ans. Ses souvenirs pouvaient donc être plus ou moins vagues, mais sur certains points ils étaient assez positifs. Il paraît que quelques semaines avant la mort de Matthieu, sa femme Rebecca Haygarth, était partie pour le Nord en compagnie d’un de ses oncles pour entendre prêcher John Wesley dans une grande occasion et assister à plusieurs réunions religieuses. Elle fut absente plus d’une quinzaine de jours ; pendant son absence, Matthieu Haygarth monta à cheval un matin de bonne heure et quitta Dewsdale. Sa