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Page:Braddon - Les Oiseaux de proie, 1874, tome I.djvu/254

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LES OISEAUX DE PROIE

maison se composait de trois servantes, d’un domestique, et du jeune André Hone, devenu depuis mon sacristain. Avant de partir, M. Haygarth avait dit qu’il ne reviendrait que tard dans la soirée du lendemain et avait recommandé que le domestique, dont j’ai oublié le nom, restât seul à l’attendre. Ses ordres furent ponctuellement suivis. Les bonnes qui se levaient toujours de bonne heure, allèrent se coucher à neuf heures, suivant leur habitude, et le domestique demeura pour recevoir son maître. Le jeune André, qui couchait dans l’écurie, tint compagnie à son camarade ; M. Haygarth rentra à dix heures du soir, il remit son cheval aux mains du jeune garçon, prit la lumière que lui offrit le domestique, et monta à sa chambre comme pour se coucher. Le domestique ferma la porte, et après avoir porté la clef à son maître, il se retira de son côté. Le petit groom resta seul pour soigner le cheval, qui paraissait exténué. Il avait à peu près terminé, lorsqu’il fut surpris d’entendre ouvrir une porte de derrière qui donnait dans la cour des écuries. Craignant que ce ne fussent des voleurs, il entr’ouvrit la porte de l’écurie et regarda au dehors, avec une grande précaution, bien entendu. Il faisait un beau clair de lune, et au premier coup d’œil il reconnut que celui qui avait ouvert la porte avait tout droit de le faire. Matthieu Haygarth traversait la cour en ce moment même. Il était couvert d’un long manteau noir, et sa tête était inclinée sur sa poitrine. Le gaillard, qui était probablement curieux, comme tous les campagnards, ne fit pas de cérémonie. Il laissa son ouvrage inachevé et se glissa doucement à la suite de son maître, qui vint directement à ce cimetière, à l’endroit même où nous sommes en ce moment. Là, le