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Page:Brossard - Correcteur typographe, 1924.djvu/206

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LE CORRECTEUR TYPOGRAPHE

la nécessité d’une entente parfaite entre eux ! Combien n’est-il point regrettable qu’après avoir reconnu ce besoin ils ne consentent chacun quelque sacrifice pour parvenir à un tel accord ! Combien n’est-il point regrettable qu’après avoir obtenu cette harmonie ils ne cherchent à la maintenir et ne s’efforcent de retirer d’une confraternité dévouée, d’une aide mutuelle désintéressée, tous les avantages qu’elles comportent !


IV. — Rapports avec le prote, le patron
et la clientèle
.te, le patron


Les rapports du correcteur avec le prote, avec le patron, sont empreints d’une légère nuance de respect, d’où l’obséquiosité est sévèrement bannie.

Le correcteur, dont ce n’est certes point le lieu de dire que sa main doit être de fer, aura toujours un gant de velours en toutes choses et à l’égard de tous.

Il en était ainsi aux temps lointains où la corporation, assujettie aux règlements étroits de la Communauté, devait se plier aux prescriptions rigoureuses des ordonnances royales. Le prote-correcteur savait certes se faire respecter, ayant lui-même souci du respect dû aux maîtres ; le premier et le chef des compagnons, il savait, par son attitude, donner tort à ses subordonnés en s’abstenant de prendre part à leurs écarts de conduite, à leurs actes de violence.

De tous temps, sous l’ancien Régime, les compagnons imprimeurs eurent une réputation que des faits déplorables justifièrent, hélas ! trop fréquemment. Certains compagnons, fort indépendants et batailleurs, avaient la parole prompte à l’injure, le poing aux coups, et la main à l’épée[1]. Ils ne respectaient ni les étrangers, ni leurs maîtres, ni les membres de leur famille, ni les officiers de la Commu-

  1. Les rixes étaient fréquentes entre compagnons, même à l’atelier. Dans la Bibliogriphie lyonnaise (10e série, p. 457), M. Baudrier rapporte cinq actes notariés relatifs aux suites d’une rixe survenue, en mars 1562, entre deux compagnons, dans l’atelier de Claude Servain, maître imprimeur à Lyon : le 16 juin 1564, Jean Poucet, « pour raison de l’homicide faict et perpétré par lui en la personne dudict feu Thibelley », s’engageait, sous la caution du maître imprimeur, à 40 livres « pour despens, dommaiges et interetz » envers la veuve Claudine Gonet.