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ſurmonte, ni des pertes de force que ce Corps a fait en les ſurmontant.

Car l’eſpace vuide d’obſtacles que ce corps auroit parcouru dans cette ſupoſition, n’auroit conſumé ni ſa force, ni ſa viteſſe, ce n’eſt donc pas ce qu’il n’a point fait, qui doit être la meſure de ſes pertes, puiſque ce qu’il auroit fait d’un mouvement uniforme, ne lui auroit rien fait perdre. Ainſi les effets produits, dans le mouvement uniforme & dans le mouvement retardé, ſont d’un genre different & ne peuvent ſe comparer, puiſque l’effet du premier n’eſt que l’eſpace parcouru ſans aucun obſtacle derangé dans cet eſpace ; & que celui du ſecond conſiſte dans le deplacement de ces obſtacles, je ne craindrai donc point d’aſſurer que dans tous les cas poſſibles, la force des Corps doit être évaluée par les obſtacles qu’ils ſurmontent, de quelque nature qu’ils puiſſent être, & qu’on ne peut ſubſtituer aux pertes réelles qu’ils font en les ſurmontant, les pertes imaginaires que vous leur faites faire en ne les ſurmontant pas, ſans ſupoſer en même tems les contradictoires, & qu’enfin, ſupoſé même qu’il fut poſſible que les experiences nous