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Page:Champfleury - Grandes Figures d’hier et d’aujourd’hui, 1861.djvu/144

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RICHARD WAGNER

et les gazettes, me préoccupait vivement ; et les tentatives que j’avais entendues en France, dans ce même sens, n’étaient pas propres à faire de moi un enthousiaste.

Des orchestrations étranges, des accouplements bizarres d’instruments à timbres ennemis, des mélodies singulières rompues tout à coup comme par un méchant gnome, des armées formidables d’instrumentistes et de choristes, des télégraphes portant le commandement du chef d’orchestre à d’autres sous-chefs dans d’autres salles, à la cave et au grenier, comme nous en avons pu voir dans certains concerts de M. Berlioz, me donnaient un certain effroi de cette musique de l’avenir d’outre-Rhin, dont les gens sérieux ne parlaient qu’avec dédain.


Dès les premières mesures de l’ouverture, les critiques chagrins qui trompent le public par esprit de dénigrement hostile et par une jalouse impuissance, comprirent qu’ils n’avaient qu’à fuir, car Richard Wagner était applaudi pai’ la foule frémissante, qui a le sentiment du Beau et du Juste, et qui se sentait remuée jusqu’au plus profond de son être par des ondes musicales qu’un navigateur venait de découvrir.


Absence de mélodies, disaient les critiques.

Chaque fragment de chacun des opéras de Wagner est une large et immense mélodie, semblable au spectacle de la mer.