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RICHARD WAGNER

Quel est celui qui, jetant les yeux sur l’Océan troublé ou sur la bleue Méditerranée, s’aviserait d’y chercher une petite maison blanche à volets verts ?

Une fois balancé par ces flots d’harmonie souveraine dont Wagner a le secret, ne serait-ce pas d’un fou que de demander un petit air de la Fanchonnette ?


La musique de Wagner me reporte à des époques lointaines, où seul, dans un petit village normand, étendu dans les genêts sur la falaise, je regardais, défiant l’ennui, la mer toujours belle, toujours nouvelle et portant aux grandes pensées.


Il y a dans l’œuvre de Wagner le sentiment religieux que vous laisse une forêt épaisse, quand vous la traversez en silence. Alors se détachent une à une les passions de la civilisation. L’esprit quitte sa petite boîte de carton, où chacun a coutume de l’enfermer pour aller en soirée ; il s’épure, grandit à vue d’oeil, respire de contentement et semble grimper jusqu’à la cime des grands arbres.


Ce ne sont pas des phrases.

Mais comment rendre, sinon par des analogies de sensations, la langue mystique des sons enivrants ?


Cependant il faut essayer de faire comprendre à ceux qui ignorent, que la musique de Wagner n’est pas de la musique imitatite.