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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/139

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la traversée du lac

— Regarde, sur la berge, le canot du bonhomme : c’est là-dedans qu’on va traverser.

Tous deux marchèrent par le sable fin, jusqu’au bord du grand lac.

Et soudain l’immense désir de voguer sur cette nappe d’eau les prit au cœur. Ils en rêvèrent la nuit.

∗∗∗

Un rêve peut se réaliser.

Ah ! que tout s’oubliait, sur le lac immense, en cette matinée joyeuse, des misères de l’hiver.

Charme nouveau ; bonheur inconnu que les quatre enfants savouraient tout à l’aise, rivés, tremblants un peu, toutefois, sur les banquettes minces du canot d’écorce. Car on ne pouvait bouger sur place : c’eut été le plongeon fatal.

Instable équilibre ! Image de nos joies terrestres ! Mais le regard s’activait, furetant partout ; les langues remuaient, sautillant sur tout objet…

— Tiens ! tiens ! cet oiseau blanc…

— Une mouette… déclare Aimé. Lui, le chasseur, il connaît tout cela.

— Voyez, fait Eugène, elle tombe à l’eau, elle se noie.

La belle envolée reprend l’essor, n’ayant qu’effleuré ces flots profonds.

Une épave arrive, frôle l’esquif ; petit Eugène