Aller au contenu

Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
72
le p’tit gars du colon

— François, aime toujours… le bon Dieu… la Sainte Vierge… et la bonne terre… de… chez-nous…

La terre ! Elle y songe, en son agonie… elle l’aime ! Second silence, plus long… La poitrine respire, oppressée, toute soulevée par l’effort.

— François, promets-tu ?

L’enfant pleure ; il veut dérober ses larmes… elles tombent, brûlantes, sur la main glacée… Et cette main bénie, il l’étreint tout à coup, parce qu’une énergie soudaine lui monte de l’âme, de son âme jeune et vibrante, à lui, l’enfant du sol…

— Toujours, maman ! oui, j’aimerai le bon Dieu… et la Sainte Vierge… et notre bonne terre.

De mère en fils, c’est le cri du cœur, cher p’tit gars des terres neuves !

Son front se penche ; il appuie, il pèse sur la poitrine de sa mère… comme il faisait, bien plus petit. Il s’étonne que sa maman ne le presse pas, affectueusement… Il ne se doute pas que ce poids d’un front d’enfant sur une poitrine brisée, et pour une mère qui va mourir, est un poids immense de souffrance et d’angoisse.

Un léger bruit vers la porte. Il relève le front. Petit Eugène revient, essoufflé, de sa course rapide ; il a, dans le bois, cueilli d’immortelles sauvages, autant que peuvent serrer ses doigts frêles… Il tend son bouquet :