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la mort d’une mère

— À Sainte Vierge… pour maman.

Il veut que son grand frère François les place dans un bocal, devant la statuette.

François prend les fleurs, les porte à la malade :

— Voyez, maman chérie, le beau présent d’Eugène.

À peine entend-elle ; une somnolence la gagne.

Mais quand son petit Eugène s’approche du haut du lit, elle lui pose la main sur le front. Au contact de cette main qu’il n’a jamais sentie si froide, il tressaille. Sa mère s’en aperçoit : ce lui devient une douleur nouvelle.

Les fleurettes blanches prient silencieusement Notre-Dame. La Vierge sait tout ce qu’une mère peut souffrir. Elle a pitié ; elle envoie le sommeil qui repose et fait oublier… La main sur le petit front, la pauvre maman ferme ses yeux.

— Elle dort, souffle François.

Lentement, la petite tête se courbe ; la main froide glisse, sans vie, sur le drap blanc.

— Viens, viens,… François entraîne son jeune frère.

∗∗∗

Vers midi le père revint ; la malade dormait toujours. Il prit rapidement une bouchée ; attela la Grise sur la lourde charrette et partit, avec ses deux enfants, ramasser le seigle.