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Page:Fagus - La Danse macabre, 1920.djvu/38

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la danse macabre


 Et le duc Richelieu, reniflant les pucelles :
 — nature, on sait bien : toutes filles sont belles
 Au mois de Mai joli !



 Un bel époux tout neuf à l’épouse en dentelles
Et se pelotonnant confuse, contre lui :
— Sens-tu ton cœur s’ouvrir comme la gerbe mûre,
Travaillé des ferments de l’amour, éclater.
Et se disperser tout dans l’énorme Nature
Dont se tend la matrice avec avidité.
S’ouvrir ton cœur comme la gerbe mûre ?
— Tais-toi, aimé, tais-toi : je suis encor si pure ;
Laisse-moi m’enivrer des nouveaux cieux ouverts !
Mon mari bien-aimé, c’est vous tout l’univers

Et c’est tout moi, c’est le profond, l’immense,
C’est le magique Amour, Tunique et le divers !
Le monde sous ta voix frissonne de démence,
Amour tyran des dieux, branle des univers !
— Ô chaste, chaste, ô virginale et nuptiale ! —
Mais elle l’enlaçant, rougissante, soupire :
— Oh, dis, mon bien-aimé, apprends-moi des mots sales ? —
Lui s’effare, mais sent toute sa chair bondir :
— Oui je t’apprendrai tout, oui, les mots et les choses ! —

(Un squelette apparaît, disparaît, ricanant :
— Aimez, c’est venir Mai, le mois sacré des roses !)

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