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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/250

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SUR LE SOL D’ALSACE

déception la lancinait : l’Allemagne le lui prenait aussi…

Le lendemain, Wilhelm arriva.

Sa mère le reconnut à peine sous son uniforme. Il la salua militairement avec la casquette plate sur la tête. Elle tressaillit d’une douleur inouïe en le voyant devant elle, si beau, si grand dans sa petite tunique où ses épaules paraissaient encore plus larges. Il fut heureux de sa surprise et cria :

— Maman, tu ne m’embrasses pas ?

Elle resta froide, inanimée… Non… ce soldat allemand n’était pas son fils !… Elle rêvait une chose inadmissible !… L’embrasser ?… Jamais !…

Il l’entoura de ses bras… Elle faillit le repousser… L’odeur du cuir dont il était imprégné la souleva de dégoût… Allons donc !… son fils chéri dans cet uniforme !… elle devenait folle sûrement…

Il était plus grand qu’elle… un bouton de la tunique effleura sa joue… Elle en ressentit comme une brûlure tellement il était froid…

Elle cria :

— Tu m’as fait mal !…