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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/73

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SUR LE SOL D’ALSACE

Et le jeune garçon rit aux éclats.

Ces mots frappèrent Louise en plein cœur. La lutte prévue se dessinait… Elle se tourna vers Marianne qui habillait Fritz et lui dit :

— Pourquoi, malgré tout ce que tu devines, soulèves-tu de pareils sujets ?

— Pardonnez-moi, s’écria Marianne, mais mon sang m’étouffe quand j’entends ces petits, abîmer déjà notre France… et se moquer des Alsaciens… On ne peut leur laisser ces idées-là dans la tête…

Wilhelm écoutait, les yeux écarquillés :

— Tu n’es pas française, dis, maman ?… recommença-t-il d’un ton suppliant.

Quelques jours auparavant, Louise n’aurait pas répondu. Par un biais, elle eût écarté ce sujet angoissant, mais son âme, forte du courage survenu soudain, la fit spontanément répondre :

— Je suis française…

Son fils aîné ouvrit des yeux énormes, puis recula… Il éleva les bras dans un geste d’étonnement indescriptible, puis il éclata en sanglots longs et bruyants.

Affolée, Louise se rapprocha de lui pour le