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SUR LE SOL D’ALSACE

sans attendre de réponse, il se blottit contre sa mère en murmurant :

— J’aurais eu tant de peine, vois-tu, maman ! Notre précepteur nous raconte tant de mal des Français que j’étais triste que tu en sois…

Ces paroles tombèrent comme du plomb sur le cœur de Louise. Des cris de protestation allaient jaillir de ses lèvres, mais elle les retint, car elle ne pouvait discuter avec son enfant. Elle se tut, serrant son fils plus fort contre elle, comme si, de ce geste, elle eut écrasé toute mauvaise pensée.

Quelques minutes après, Wilhelm entrait dans la salle d’études où son précepteur l’attendait.

Louise resta seule avec Fritz dont les grands yeux la suivaient, profondément observateurs. Sérieux comme un petit homme, il achevait de s’apprêter pour l’heure de sa leçon. Il bavardait, gentil, puéril, cherchant un sourire sur le visage de sa mère. Son front intelligent semblait suivre une idée ; brusquement, sans un mot qui eût fait pressentir la phrase qui s’échappa de sa bouche fraîche :

— Petite maman, quand je serai grand, je serai français !…