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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/80

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SUR LE SOL D’ALSACE

rents m’ont à demi cachés dans la crainte d’assombrir mon enfance, une certitude est née !… Ce que je n’ai pas voulu comprendre à l’époque de mon mariage… je le sens… Il a fallu que mon petit Fritz achevât de m’éclairer.

Elle rapporta les paroles de l’enfant, puis elle parla longtemps encore…

Un besoin de s’épancher, de raconter sa douleur si longtemps contenue, la poussait vers le cœur grand ouvert de Marianne. Ses pensées de la nuit palpitaient au jour brillant. Le soleil les projetait hors de l’obscurité de son âme. Une à une elle les jetait comme le vendangeur lance dans le pressoir les grappes vermeilles de maturité.

Marianne l’écoutait émerveillée. Penchée vers sa jeune maîtresse, sa figure se déplissait dans un sourire heureux. Elle joignait les mains en disant presque bas :

— Louise… ma Louise…

Puis elle se taisait, les lèvres entr’ouvertes.

Soudain une ombre passa sur son front et elle interrompit Louise pour dire :

— Et monsieur ?