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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/98

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SUR LE SOL D’ALSACE

de son âge… tant de choses les séparaient… Une tristesse l’envahit de l’avouer.

Machinalement, ses doigts rangeaient symétriquement des miettes de gâteau sur la nappe. La lumière chaude et blonde l’éclairait. Sous la crudité des rayons, la jeunesse de ses trente-deux ans éclatait et la fossette du sourire gardait le même charme.

Tout à coup, la voix de Fritz demanda :

— Maman, veux-tu que j’aille à Nancy, avec M. Hürting ?

Louise s’effara. Herbert avait-il raison ? Les cerveaux d’enfants sont-ils une cire malléable où se gravent les empreintes ?… II fallait effacer celle-ci :

— Il faut d’abord, mon petit Fritz, que tu sois très sage, que tu apprennes bien et quand tu seras grand, nous verrons…

— Alors, je vais bien étudier mon français, pour le savoir quand je serai en France, tout à fait…

M. Hürting rit et Louise, gênée, se leva.

Que s’agitait-il dans cette âme fraîche ? La lignée ancestrale envoyait-elle ce souffle à travers