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Page:Fiel - Sur le sol d'Alsace, 1911.djvu/99

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SUR LE SOL D’ALSACE

les années multiples ? et Fritz ressentirait-il d’autant plus violent l’amour de la France et de l’Alsace, qu’elle l’avait ignoré un jour ?…

Elle prit hâtivement congé de ses vieux amis. Ils se récrièrent sur sa courte visite, mais elle allégua différentes courses, indispensables, d’ailleurs.

Elle devait passer chez les Bergmann, pour les prier de venir fêter l’anniversaire d’Herbert qui se trouvait être le lendemain, et elle demanda timidement à M. et à Mme Hürting de se joindre à eux…

Pendant que lui se taisait, sa femme répondit doucement :

— Des vieux comme nous restent chez eux, ma chérie… Nous serons toujours heureux de vous voir ici…

Louise comprit. Elle serait toujours chaudement reçue… mais comment avait-elle pu penser un instant que des Alsaciens, émigrés pendant des années pour fuir le joug actuel, franchiraient le seuil d’un Allemand ?…

Greifenstein ne comptait plus pour eux.

Elle s’en alla, les yeux embrumés par cette pensée cruelle.