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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/103

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ISOLINE

deur retenait Isoline. Gilbert, qui savait n’avoir rien à redouter des actes hardis, la saisit brusquement dans ses bras et sauta, avec une sûreté parfaite, sur le sable dont la lame les séparait.

La jeune fille eut peur, son chapeau s’envola et elle se cramponna instinctivement au cou de Gilbert.

Alors un vertige le prit, il la serra follement contre lui, couvrit de baisers ces cheveux qui l’aveuglaient et l’enivraient de leur parfum ; mais aussitôt il la repoussa, effrayé de cette violence : rougissant, bouleversé, il détourna les yeux.

— « Pardon, pardon, murmura-t-il, avec un tel battement de cœur que la voix lui manqua.

— Pardon de quoi ? dit-elle en laissant rayonner la lumière tranquille de ses prunelles.

— Vous ne comprenez pas ?

— Non.

— C’est que je vous aime de tout mon être et que vous ne m’aimez pas, voilà tout. »

Elle eut une moue énigmatique et reprit vivement :

— « Vous sembliez souffrir, j’ai cru que vous vous étiez blessé en sautant du rocher.