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Page:Gautier - Isoline et la Fleur Serpent, Charavay frères, 1882.djvu/272

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LA TUNIQUE MERVEILLEUSE.

chaise dans chaque main ; il courait alors tout autour de la chambre en les agitant. Il continua ce manège jusqu’au moment où, le jour venu, il entendit les pas de son oncle dans l’escalier. Alors il remit toutes choses à leur place, s’étendit sur le banc d’honneur et feignit de dormir.

San-Ko-Tcheou s’approcha sans bruit de son neveu, qui respirait bruyamment.

— « C’est incroyable, murmura-t-il, il n’est pas mort. »

Il tâta ses mains moites, son front humide d’une sueur incontestable.

— « C’est merveilleux, s’écria-t-il, il n’y a plus moyen de douter. »

Cœur-de-Rubis s’éveilla, fit craquer l’un après l’autre ses doigts, se frotta le creux de l’estomac et se leva.

— « Bonjour, mon oncle, dit-il.

— Voici tes trois cents liangs d’or, et tu peux emmener ma fille, » dit San-Ko-Tcheou.

Quelques instants après les deux jeunes époux, ivres de joie, quittaient la maison de l’avare.