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Page:Hugo - La Légende des siècles, 2e série, édition Hetzel, 1877, tome 2.djvu/91

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Noir ravin. Hors un coin vivant où retentit
Dans la forêt le son des buccins et des sistres,
Tout est désert. Halliers, bruit de feuilles sinistres,
Tristesse, immensité ; c'est un de ces lieux-là
Où se trouvait Caïn lorsque Dieu l'appela.
Le Caïn qui se cache en cette ombre est de pierre,
C'est un donjon. Des gueux à la longue rapière
Le gardent ; des soudards sur ses tours font le guet.
Il date du temps rude où Rollon naviguait.
À quelque heure du jour qu'on le voie, il effraie ;
Quelque couleur qu'il prenne, il convient à l'orfraie ;
S'il est noir, c'est la nuit ; s'il est blanc, c'est l'hiver.
L'archer fourmille là comme au cercueil le ver.

Dans la tour, une salle aux murailles très-hautes.
Avec ses grands arceaux qui sont comme des côtes,
Cette salle, où pétille un brasier frémissant,