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Page:Ibn Khaldoun - Histoire des Berbères, trad. Slane, tome 1.djvu/475

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EN-NOWEIRI.

furent défaits, et Tarec s’arrêta à quatre milles d’Ecija, près d’une source qui a été appelée depuis Aïn-Tarec (la source de Tarec).

Plus loin l’historien dit : La nouvelle de cette double défaite jeta la terreur parmi les Goths, et ils abandonnèrent leurs villes pour se réfugier dans Tolède. Yulîan conseilla alors à Tarec de partager son armée en plusieurs corps, vu qu’il n’y avait plus rien à craindre de la part du peuple espagnol, et de marcher en personne sur Tolède. Tarec accueillit cet avis, et d’Ecija [où il était], il fit partir un corps de troupes pour Cordoue, un autre pour Grenade, un troisième pour Malaga, un quatrième pour Todmîr[1], et il marcha lui-même sur Tolède avec le corps le plus considérable. En y arrivant, il trouva la ville déserte ; les habitants s’en étant retirés pour se réfugier dans une autre ville nommée Maïa, qui était située derrière la montagne[2]. L’historien ajoute que les autres détachements prirent les villes contre lesquelles on les avait envoyées, et que Tarec établit dans Tolède les juifs avec quelques-uns de ses compagnons, et se dirigea vers Ouadi-’l-Hidjara (Guadalaxara). Traversant alors la montagne, en suivant un défilé qui porte depuis le nom de défilé de Tarec (Fedj-Tarec), il arriva à une ville appelée Medina-t-el-Maïda (ville de la table)[3], où se trouvait la table de Salomon, fils de David. Cette table était en émeraude verte, ayant les bords garnis de perles, de corail, de rubis et d’autres pierres précieuses, ainsi que les pieds, qui étaient trois cent soixante en nombre[4]. De là Tarec

  1. Par le nom de pays de Todmîr, ou Theodomir, les historiens arabes veulent désigner la province de Murcie.
  2. Cette montagne se nomme Somosierra, mais l’emplacement et la synonymie de Maïa sont encore inconnus. — (Gayangos.)
  3. La position de cette ville est inconnue ; mais le défilé de Tarec est dominé par une bourgade qui porte encore le nom de Buitrago, une altération de Bèb Tarec (porte de Tarec). — (Gayangos.)
  4. D’après une tradition rapportée par Ibn-Abd-el-Hakem, cette table merveilleuse aurait été trouvée à Narbonne. Dans l’ouvrage d’El-Maccari, vol. i, p. 286, se trouve un extrait de l’histoire de l’Espagne d’Ibn-Haiyan ; cet auteur nous apprend que la table dite de Salomon avait été faite par les chrétiens et qu’elle servait à porter les évangiles. On la trouva sur le grand autel de l’église principale de Tolède.