Aller au contenu

Page:Janin - La Bretagne, 1844.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Grecs, par les Germains, et non par les Phéniciens et les races sémitiques, comme on l’a cru longtemps. Mais par quelle suite d’événements inexplicables cette race orientale est-elle venue s’égarer au milieu des brouillards de notre Europe ? Quelle route a-t-elle suivie ? À quelle époque s’est accompli ce long pèlerinage ? Tel était, à tout prendre, le point important de la question, et, en ceci encore, les nouvelles recherches des savants n’ont pas été sans résultats. Ils ont retrouvé dans Hérodote que vers la fin du septième siècle avant Jésus-Christ, la guerre éclata entre les Scythes et les Cimmériens, qui habitaient alors les vastes plaines situées entre la mer Caspienne et le Pont-Euxin. Les Cimmériens furent vaincus, et tandis que les uns portaient le ravage dans l’Asie-Mineure, les autres franchissaient le Dniester et se dirigeaient vers les contrées de l’Ouest. Ces Cimmériens, de l’aveu de tous les historiens grecs, sont les mêmes peuples que les Cimbres, dont nous voyons les établissements divers se déplacer de siècle en siècle sur la carte du monde, sans doute à mesure que de nouveaux flots de populations asiatiques refoulaient ce peuple, débordé à son tour, vers les limites occidentales de l’Europe. Bientôt, par le rapprochement qui se doit tirer des notions que nous fournissent les historiens grecs, les récits des histoires romaines, et enfin les traditions nationales de la race celtique, les hommes habiles à retrouver la suite des faits dans la suite des âges sont parvenus à renouer un à un les chaînons brisés de la généalogie de ce peuple et à établir l’identité des Cimmériens, des Cimbres, des Kimbres et des Celtes modernes. Tout cela sans doute appartient encore quelque peu à l’hypothèse, que l’on pourrait appeler, sinon la mère, du moins l’aïeule de l’histoire ; mais les preuves sont fortes, le système est vraisemblable, et, bien plus, la marche analogue suivie quelques siècles plus tard par les barbares qui ont renversé l’empire romain, donne à cette hypothèse glorieuse pour tous, tout l’aspect, sinon toute la force, de la vérité.

Pendant que la race celtique, chassée de son berceau, allait d’exil en exil prendre possession de ses nouveaux domaines, tout porte à croire que les Pélages, ce peuple mystérieux qui se montre sur divers points de l’empire dans le crépuscule de l’histoire, et dont les monuments de Pæstum attesteront longtemps encore la toute-puissance et le génie, avaient précédé les Celtes sur la terre de Bretagne ; les Pelages y avaient même séjourné (mais à quelle époque perdue dans le nuage des temps ?) avant de se répandre dans le Midi, où ils ont