Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
219
LE CHIEN D’OR

Elle s’approcha de la fenêtre et regarda la nuit. Il y avait des étoiles au ciel, des lumières dans les rues. Cela lui donna de l’assurance. Les gens qui passaient, le bruit des voix la rendirent tout à fait à elle-même. Elle oublia la tentation, comme le patineur téméraire oublie l’abîme, dont seule le sépare une mince couche de glace. Elle était redevenue insouciante, comme l’oiseau dans les vagues de lumière. Mais elle n’avait point prié !

VIII.

Une heure encore venait de sonner au beffroi des Récollets. Les tambours et les trompettes de la garnison donnèrent le signal de fermer les portes de la ville. La garde se retira pour la nuit. La patrouille sortit à son tour. On l’entendit passer dans les rues, et les trottoirs résonnaient sous ses pas lourds et cadencés.

Les bourgeois honnêtes se hâtaient d’entrer, et les soldats en retard couraient, de peur de ne pas être rendus à leurs quartiers, lorsque les tambours auraient fini de battre le rappel.

Le galop d’un cheval retentit sur le pavé de pierre. Bientôt un officier descendit à la porte, il monta l’escalier d’un pied alerte et son fourreau d’argent tintait sur l’angle des marches solides. Il frappa. Angélique reconnut entre mille ces petits coups familiers ; elle s’avança. Le Gardeur entrait dans le boudoir. Elle le reçut avec un plaisir qu’elle ne cherchait pas à dissimuler, car elle était fière de son amour, et le préférait à tous.

— Vous êtes le bien venu, Le Gardeur ! exclama-t-elle, en lui tendant ses deux mains. Je savais que vous viendriez. Vous allez être reçu comme l’enfant prodigue !

— Chère Angélique, dit-il, en lui baisant les mains, l’enfant prodigue devait revenir. Pouvait-il demeurer longtemps dans ce désert aride où ne croissent que des souvenirs ?

— Il s’est levé et il est revenu dans cette maison