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LE CHIEN D’OR

se rencontrer avec la famille des Jourdains, les alliés du bourgeois Philibert, et elle a bien fait. Elle se préparait à faire une course à cheval. C’est le temps. La ville semble toute gaie aujourd’hui, car les gens du commun sont à Belmont.

Louise de Brouague s’emporta :

— Fi ! chevalier, riposta-t-elle, avec indignation, c’est mal à vous de parler ainsi du bourgeois et de ses amis ! Comment ! le gouverneur, madame de Tilly et sa nièce, le chevalier de La Corne St. Luc, Hortense et Claude de Beauharnois, et je ne sais combien d’autres de l’élite de la société y sont allés par respect pour le colonel Philibert ! Et pas une demoiselle du couvent — Nous valons quelque chose après tout ! — pas une demoiselle du couvent qui ne consentirait à sauter par la fenêtre et à jeûner au pain et à l’eau pendant un mois ensuite, pour une heure d’amusement à ce bal ! N’est-ce pas mesdemoiselles Louise ?

Toutes approuvèrent. Les deux jeunes cavaliers qui avaient été témoins de cette passe d’armes sourirent, et Des Meloizes s’inclina profondément.

— Je suis fâché d’être obligé de me séparer de vous, mademoiselle, dit-il, mais l’État a besoin de mes services.

L’État ! L’Intendant ne saurait procéder à moins que le bureau ne soit au complet. Il faut que j’assiste au conseil et je me rends au palais.

— Oh ! vous avez parfaitement raison, chevalier, affirma Louise Roy. Que deviendrait la nation, que deviendrait le monde, que deviendraient les pensionnaires des Ursulines si les hommes d’État, les guerriers, les philosophes, comme vous et les sieurs Drouillon et La Force que voici, ne s’occupaient de temps à autre de notre bonheur et de notre sûreté ?

Le chevalier Des Meloises s’éloigna sous cette grêle de traits

Le jeune Laforce n’avait été jusque là qu’un damoiseau voltigeant par la ville ; il devait plus tard