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LE CHIEN D’OR

Madame Racine prétend que c’est pour le voir qu’elle est allée à Belmont aujourd’hui.

— Lisette, je vais vous donner un soufflet si vous me tirez les cheveux ainsi : s’écria Angélique, en repoussant violemment la soubrette, d’une main aussi prompte à frapper qu’à prodiguer les caresses.

— Je vous demande pardon, madame ! supplia la servante.

Elle devinait bien ce qui mettait Angélique en colère, et n’avait pas envie de s’exposer encore.

— Cécile Tourangeau, reprit-elle, peut jeter les yeux sur le chevalier de Repentigny, mais le chevalier n’a jamais eu d’amour que pour une femme, et cette femme, je ne dois pas la nommer.

— Non ? pas même à moi, Lisette ? allons ! son nom, s’il vous plaît.

Angélique regardait sa servante de façon à lui ôter l’envie de désobéir.

— Eh bien ! madame, l’autre soir, quand il est parti si tard, je l’ai entendu s’écrier :

— La porte du ciel n’est pas aussi belle que cette porte ! et je n’habiterai jamais une maison où ne sera pas Angélique !

Je me rendrais à Rome à genoux, pour trouver un homme qui m’aimerait comme Le Gardeur vous aime, madame ! ajouta Lisette avec un enthousiasme qui ravit sa maîtresse.

V.

Lisette savait bien qu’elle venait de dire à sa maîtresse la plus agréable chose du monde. Un frisson de joie après une angoisse ; une coupe d’ivresse après un calice d’amertume. Angélique choisit le miel et rejeta l’amère potion.

— Quand un homme se met aux genoux d’une femme, dit-elle, il a vaincu ; c’en est fait de la femme. N’est-ce pas vrai, Lisette ?

— C’en serait fait de moi, dans tous les cas, madame !

Pourtant, les hommes sont bien trompeurs ! Nous