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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/329

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LE CHIEN D’OR

III.

Mais vous auriez dû aller à Belmont, aujourd’hui, maître Pothier ! Il y avait là le plus gros pâté du monde. Vous auriez trouvé moyen de faire un procès au sujet de ce pâté et de vivre à même pendant un an !

— L’infortune me poursuit ! soupira le notaire, en se joignant les mains sur la poitrine. Je n’aurais pas perdu l’occasion de goûter à ce pâté, non ! pas même pour faire le testament du Pape ! Mais, comme il est dit dans la coutume d’Orléans, tit : 17, et dans Pothier, au chapitre des successions : l’absent perd l’usufruit de ses droits — j’ai perdu ma part du pâté de Belmont !

— N’importe, maître Pothier ! riposta Max, consolez-vous, vous allez venir avec nous, cette nuit, à la Fleur de lys, rue Sault au Matelot. Bartemy et moi nous avons commandé un pâté à l’anguille, et un gallon du meilleur cidre normand ! Nous allons nous mettre aussi gais que les marguilliers de St. Roch après la quête de l’enfant Jésus !

— Je suis tout à vous, c’est bien ! je suis complètement libre, je viens justement de remettre à l’intendant une lettre qu’une dame de Beaumanoir m’a confiée. Une couronne pour le message ! je la dépose sur votre pâté à l’anguille, Max !

IV.

Angélique avait d’abord écouté avec assez d’indifférence la conversation des deux mendiants, mais les paroles de maître Pothier l’intéressèrent vivement.

Max demanda au notaire, avec une curiosité assez surprenante chez un homme de sa position :

— Avez-vous jamais eu la bonne fortune de voir cette dame de Beaumanoir ?

— Non ; c’est dame Tremblay qui m’a remis la lettre… avec un doigt de vin ! c’est l’Intendant qui m’a donné la couronne après avoir lu la lettre !