Rien qu’à ce toucher de glace, il comprit que le refus était vrai.
— Ne riez pas, Le Gardeur ! reprit-elle, je ne suis pas capable de rire, moi ! Je ne plaisante pas ; je suis sérieuse… mortellement sérieuse ! Je sais la portée de mes paroles… je vous aime, Le Gardeur ! mais je ne serai jamais votre femme !
Elle retira vivement sa main comme pour ajouter de la force à ses paroles.
Les cordes harmonieuses qui vibraient dans le cœur du jeune homme parurent se rompre tout à coup.
Angélique le regarda franc dans les yeux alors, comme pour voir s’il l’aimait encore.
— Je vous aime, Le Gardeur, vous savez ! Je vous aime ! Mais je ne veux pas, je ne peux pas vous épouser maintenant ! répéta-t elle lentement :
— Maintenant ! s’écria Le Gardeur.
Il se cramponnait à une vaine espérance comme à une paille ! de même que le nageur qui se voit emporté dans le gouffre.
— Maintenant ! je n’ai pas dit maintenant ? mais quand vous voudrez, Angélique ! Toute une vie d’attente pour obtenir votre main un jour, et ce serait peu !
— Non ! Le Gardeur, répliqua l’inconstante demoiselle, je ne vaux pas la peine que vous attendiez ainsi. Ce que j’espérais ne peut se réaliser… Mais je vous aime, et je vous aimerai toujours !
L’égoïste, la trompeuse enchanteresse osait rejeter ses protestations en redisant toujours :
— Je vous aime, Le Gardeur ! Mais je ne veux pas vous épouser !
— Assurément, Angélique, ce n’est pas ce que vous voulez dire ! exclama Le Gardeur hors de lui. Vous ne voulez pas me tuer ! n’est-ce pas ? me tuer au lieu de me faire bénir la vie ! Vous ne pouvez pas vous mentir ainsi à vous-même et vous montrer si cruelle pour moi ! Voyez, Angélique ! ma sainte sœur Amélie croit en votre amour ! et elle m’a donné ces