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LE CHIEN D’OR

— Pourquoi faut-il qu’une pareille amitié soit inutile ? acheva-t-il avec tristesse, un instant après.

— Oh ! ne dis pas cela, Le Gardeur, ne dis pas cela !… je donnerais ma vie pour te sauver.

Elle s’appuya la tête sur son épaule et se prit à sangloter. Sa douceur et son dévouement venaient d’obtenir ce que les remontrances ou la sévérité n’auraient jamais obtenu.

— À toi la victoire, mon Amélie, reprit Le Gardeur, à toi la victoire aujourd’hui ! je n’irai au village qu’avec toi…

Oh ! pourquoi ne se trouve-t-il pas d’autres femmes aussi bonnes que toi ! je ne serais pas un maudit…

Tu seras mon bon ange… Je veux t’obéir… Essaie de me sauver. Si tu n’y parviens, tu pourras toujours dire que tu as fait ton possible et plus que ton devoir !…

III.

— Le Brun, cria-t-il au groom qui venait d’amener son cheval, reconduis Noir César à l’écurie.

Il lui jeta en même temps la cravache qui avait rasé tant de fleurs.

— Le Brun, clama-t-il encore, écoute ! Si jamais je t’ordonne de m’amener ma monture avant déjeuner, amène-la sans bride et sans selle, avec un licou seulement, afin que j’aie l’air d’un clown et non d’un gentilhomme.

Le Brun n’en revenait plus de sa surprise. Il crut que le jeune seigneur voulait faire une maîtresse plaisanterie ; il crut un peu aussi qu’il devenait fou ; et c’est ce qu’il s’empressa de chuchoter à l’oreille de ses compères.

— Pierre Philibert est descendu pêcher le saumon, allons le rejoindre et lui souhaiter le bon jour ? proposa Amélie.

Ils partirent joyeusement côte à côte. Philibert se leva et courut au devant d’eux sitôt qu’il les aperçut à travers la ramure. Leurs mains se pressèrent dans