Aller au contenu

Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/441

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE XXXII.

LE BAL DE L’INTENDANT.

I.

L’essaim de jolies filles que nous avons vues tout à l’heure, entourait encore Bigot ; quelques unes d’entre elles s’appuyaient d’une manière tout à fait gracieuse sur la balustrade. Les rusées connaissaient bien les goûts artistiques de l’Intendant, et, tout en répondant prestement à ses propos, elles marquaient de leurs pieds mignons la mesure de l’orchestre.

En voltigeant d’un sujet à un autre, l’Intendant vint à parler de Le Gardeur, son bon ami. Il le savait au manoir de Tilly…

On disait, comme cela, sans rien garantir, qu’il était fiancé à sa cousine Héloïse de Lotbinière. Il allait sans doute la rencontrer à Tilly…

Il y eut, à cette nouvelle, un mouvement de surprise et de curiosité chez les jeunes filles. Plusieurs affirmaient que ce n’était point le cas ; il était trop attiré ailleurs. On savait où. D’autres, remplies de compassion, de dépit ou d’envie peut-être, dirent qu’elles croyaient bien cela. Elles l’espéraient du moins. Il avait été le jouet d’une coquette bien connue dans la ville.

— On sait qui ! ajouta l’une d’elle — une rieuse et pétulante fille. — Et elle fit un mouvement superbe en glissant un coup d’œil autour d’elle.

La mimique fut parfaite sans doute, car toutes se mirent à rire en pensant à Angélique Des Meloises ;