Aller au contenu

Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/455

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
443
le chien d’or

le monde : les élèves, les novices, les mères. Elle voulait parier qu’elle avait le plus beau pied. La mère de la Nativité la menaça aune punition sévère si elle osait dire des choses aussi inconvenantes. Des punitions, elle s’en moquait bien ! elle se mit à rire cyniquement.

— Et maintenant elle provoque le monde comme elle provoquait la communauté, répondit madame Couillard tout à fait scandalisée.

Voyez donc, continua-t-elle, cet abandon !… et comme tous les jeunes gens l’admirent !… Les jeunes filles d’aujourd’hui ne connaissent plus la pudeur…

Je suis bien contente de n’avoir point de filles, madame de Grand’maison.

C’était une pierre dans le jardin de madame de Grand’maison. Madame Couillard visait volontiers ses amis quand elle n’en voyait pas d’autres.

— Nos nièces ne valent pas mieux que nos filles, madame Couillard, riposta la première.

Tout en lançant ce trait, elle redressa la tête et jeta un regard dédaigneux sur un groupe de joviales jeunes filles assises avec des garçons, sur des sièges éloignés au fond de la galerie. Elles s’amusaient bien, les coquines, et se croyaient à l’abri des regards de leurs chaperons. Mais les chaperons pouvaient tout voir. Ils ne regardaient cependant que juste ce qu’il fallait pour l’acquit de leur conscience. Au reste, les jeunes demoiselles étaient en bonne compagnie.

IV.

Madame Couillard, pour être plus tranquille, avait confié ses deux turbulentes nièces au jeune de là Roque et au sieur de Bourget. Elle ne trouvait pas mauvais qu’elles prissent du plaisir.

Elles étaient fort gaies, les deux jeunes filles, et leurs yeux noirs pétillaient d’esprit. Mais elles avaient quelque chose de la méchanceté de leur tante. Elles amusaient leurs cavaliers aux dépens