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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/471

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le chien d’or

un malicieux reflet de plaisir. Elle savait bien que Lisette était un peu de mauvaise humeur, mais elle ne pouvait pas deviner pourquoi elle la remplaçait auprès de mademoiselle Angélique. Elle jugeait que c’était tout de même pour elle un assez grand honneur.

— Fanchon Dodier, fit Angélique, j’ai perdu mes joyaux au bal, et j’en suis désespérée. Vous êtes plus sagace que Lisette : dites-moi comment faire pour les retrouver et je vous donnerai une belle robe neuve.

Angélique, rusée qu’elle était, se doutait bien de la réponse. Fanchon bondit de joie. C’était une grande marque de confiance qu’elle recevait là.

— Oui, madame ! répondit-elle vivement, je saurais bien quoi faire si je perdais mes bijoux… Mais les dames qui savent lire et écrire et qui ont, pour les aviser, les plus habiles gentilshommes, n’aimeraient pas à recourir aux moyens que les pauvres filles d’habitants emploient quand elles sont dans la peine et l’inquiétude.

— Et que feriez-vous Fanchon, si vous étiez dans la peine et l’inquiétude.

— Et bien ! madame, si j’avais perdu mes bijoux…

Elle appuya singulièrement sur ce mot ; la rusée comprenait qu’Angélique n’avait rien perdu.

— Si j’avais perdu mes bijoux, dit-elle, j’irais trouver ma tante Josephte Dodier. C’est la plus habile femme de tout St. Valier. Si elle ne vous dit pas tout ce que vous voulez savoir, personne ne vous le dira.

— Comment ! Josephte Dodier, la Corriveau, c’est votre tante ?…

Angélique le savait, mais elle pensait en imposer plus aisément à la soubrette, en feignant de l’ignorer.

— Oui, répondit Fanchon, les gens grossiers l’appellent la Corriveau ; mais elle est ma tante quand même. Elle est mariée avec mon oncle Louis Dodier. Elle appartient à une bonne famille, et sa mère était une dame qui venait de France, une dame qui connaissait intimement toutes les dames de la cour.