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le chien d’or

de Charlesbourg et sous laquelle se cachait le château de Beaumanoir.

— C’est un étrange mystère, Angélique, mais un mystère que je n’aimerais pas à sonder, répondit Amélie. Il cache quelque crime, n’y touche pas, cela te portera malheur.

— Soit ! mais je veux tout savoir ! L’Intendant me tromperait-il ? serais-je sa victime ? Malheur à lui ! malheur à elle alors ! Est-ce que tu ne m’aiderais pas, Amélie, à pénétrer ce secret ?

— Moi ? et comment le pourrais-je ? Je te plains, Angélique, et je pense qu’il vaut mieux laisser cet Intendant avec son triste secret.

— Tu peux, si tu veux, m’être d’un grand secours. Le Gardeur doit connaître ce secret : il doit avoir vu cette femme ; mais il me garde rancune, tu sais, parce que je l’ai négligé… C’est lui qui dit cela, mais il a tort. Je ne pourrais pas, en ce cas, lui avouer ma jalousie. Il m’en a dit juste assez pour me faire perdre la tête, et ensuite quand il a vu mon anxiété, au sujet de ces amours, il a durement refusé de me raconter le reste. Oui, Amélie ! il te révélera tout si tu l’interroges.

— Et moi, Angélique, je te le répète, j’aurais honte de questionner mon frère sur un pareil sujet. Dans tous les cas, j’ai besoin de réfléchir, et je veux prier pour ne pas faire un faux pas.

— Non ! ne prie pas : si tu pries, c’est fini, tu ne m’aideras jamais. Tu diras, je le sais, que la fin est mauvaise et les moyens inavouables.

Mais trouvons le secret ! Je le veux, et vite ! Bah ! une nouvelle danse avec de Péau et je saurai tout !

Qu’ils sont fous ces hommes qui s’imaginent que nous les aimons pour eux-mêmes et non pour nous !

VIII.

Amélie, toute chagrinée de voir son ancienne compagne de classe écouter ainsi ses sauvages passions, la prit par le bras.

— Marchons un peu sur le bastion, dit-elle.