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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/65

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le chien d’or

Sa tante s’avançait en compagnie de l’évêque et du père de Berey : elle en fut enchantée.

— Vite, Angélique, reprit-elle, lisse tes cheveux et compose ton maintien, voici ma tante avec monseigneur l’évêque… Tiens ! le père de Berey aussi ! Il n’y a pas de pensée triste qui tienne quand il arrive ce bon père. Pourtant je n’aime pas tant de gaieté chez un religieux.

Angélique était prête. En une minute elle était devenue, grâce à son étonnante mobilité de caractère, la plus aimable et la plus joyeuse des créatures. Elle salua fort respectueusement madame de Tilly et l’évêque, tout en faisant échange d’éclats de rire et de réparties fines avec le père de Berey. Salomon lui-même aurait été trompé par cette voix argentine et claire, et toute sa sagesse n’aurait pas soupçonné une trace de soucis dans l’esprit de cette belle fille.

Elle dit en plaisantant qu’elle ne pouvait guère demeurer plus longtemps dans l’agréable compagnie des gens d’église, car elle avait ses visites du matin à terminer. Elle mit un baiser sur les joues d’Amélie, un baiser sur la main de madame de Tilly, fit une gracieuse révérence aux messieurs, monta d’un bond léger dans sa calèche, tourna ses chevaux fringants avec la dextérité d’un cavalier et s’élança dans la rue St. Jean, suivie de tous les yeux, admirée par tous les hommes, et jalousée par toutes les femmes.

Madame de Tilly et sa nièce se rendirent à leur demeure, après avoir fait servir un copieux repas à leurs gens. Cette demeure était leur maison seigneuriale quand elles venaient à la ville.