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Page:Laisnel de La Salle - Croyances et légendes du centre de la France, Tome 1.djvu/41

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souvenirs

cérémonie de la cosse de Nau n’est que la reproduction de la fête de l’Ekiam, que célébraient les Hindous en l’honneur du soleil. Lors de cette fête, on dressait un bûcher où il entrait neuf sortes de bois, puis on l’allumait avec un feu vierge obtenu au moyen de deux morceaux de bois sec que l’on frottait l’un contre l’autre[1]. Ces peuples primitifs étaient persuadés que de ce feu nouveau naissait le soleil ; aussi veillaient-ils avec le plus grand soin à ce qu’il ne s’éteignit jamais sur l’autel : « Agni (le feu) est l’âme du monde, dit le Rig-Véda[2] ; de lui naît le soleil qui se lève le matin. »

Le culte du feu se retrouve donc tout naturellement chez les descendants des Aryas, c’est-à-dire chez toutes les nations indo-européennes qui vinrent du fond de l’Asie s’établir en Occident ; et l’Hestia des Grecs, la Vesta des Latins, ainsi que notre cosse de Nau, ne sont que des imitations plus ou moins altérées de cette religion primitive. — Encore une observation : L’usage où l’on est, dans la plupart de nos chaumières, d’allumer un cierge bénit, toutes les fois que l’orage gronde, afin de conjurer la foudre ; la défense que beaucoup de nos villageois font à leurs enfants de jamais cracher dans le foyer[3], n’attestent-ils pas la puissance que l’on suppose toujours au feu, et le respect qu’on lui porte ?


Le bon jour de Nouel, comme disent nos paysans, est pour eux la fête chrétienne par excellence ; aussi pratiquent-ils largement l’aumône à cette époque. Quand arrive cette grande solennité, on confectionne dans toutes les fermes des cornabœux, ou pains aux bœufs, que l’on distribue aux pauvres,

  1. M. Daniélo, Histoire et Tableau de l’univers, t. III, p. 25.
  2. T. IV, p. 315 et 487 de la traduction de M. Langlois.
  3. « Crainte de pulmonie », disent-ils. — C’est ainsi que les Slaves croiraient commettre un péché s’ils crachaient dans le feu (M. Chodzko, Contes des paysans et des pâtres slaves, p. 377) ; c’est ainsi que, chez les anciens Perses, nul ne se serait permis de souffler le feu sacré avec sa bouche,