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du vieux temps

jetant dans le verre de l’une de ses voisines la fève à laquelle il doit lui-même son éminente dignité. Alors, tous les verres se remplissent, se rapprochent, se heurtent, et le couple royal, après avoir cordialement trinqué avec ses sujets, est intronisé aux cris mille fois répétés de : Le roi boit ! la reine boit ! — À propos du rôle que joue la fève dans l’élection du roi et dans le choix de la reine, remarquons que, chez les Grecs, on se servait, pour voter, de fèves noires et blanches.

Ce qui précède se pratiquait ou se pratique encore, à peu de chose près, ailleurs qu’en Berry ; mais les détails qui vont suivre et que nous empruntons aux différents écrits de M. Ribault de Laugardière[1] appartenaient plus particulièrement à notre province.

À Châteauneuf (Cher) et dans les environs, au moment de la distribution du gâteau, des troupes d’enfants et même de gens âgés, auxquels leur pauvreté ne permettait pas de fêter l’Épiphanie dans leurs foyers, se présentaient aux portes et aux fenêtres des heureux du jour, et réclamaient la part à Dieu, c’est-à-dire celle des pauvres, en chantant les couplets suivants :

Quoi que j’entends dans ceux maisons
 Parmi toute la ville ?
Acoutez-nous, je chanterons
 De la Vierge Marie ;
 Chantez, chantez donc,
 Cabriolez donc !
 Chantez, chantez donc,
 Cabriolez donc !

Avisez donc ce biau gâtiau
 Qu’il est dessur la table,
Et aussite ce biau coutiau
 Qu’est au long qui l’argade.
 Ah ! si vous peuvez
 Pas ben le couper,

  1. Voy. la Fête des Rois à Azy (Cher) et la Bible des Noëls du même auteur, p. 54 et suiv.