M’y faut le douner
L’gâtiau tout entier.
Ah ! si vous v’lez ren nous douner,
Fates-nous pas attende,
Mon camarad’ qu’a si grand fred,
Moué que le corps m’en tremble.
Dounez-nous-en donc,
J’avons qu’trois calons
Dans nouter bissac,
Fasons trie et trac.
Ah ! dounez, dounez-nous-en donc,
Fates-moué pas attende,
Dounez-moué la fill’ d’la maison,
Ah ! c’est ben la pus gente !
Qu’est contre le feu,
Qu’coup’la part à Dieu.
Je v’lons pas nous en torner
Que nouter jau l’ait chanté[1].
À la fin de chacun de ces couplets, la foule s’écriait en chœur :
Les Rois ! les Rois !
La part au bon Dieu, s’il vous plaît !
et, le chant terminé, elle envahissait joyeusement les maisons, tandis que « ceux qu’y s’y trouvaient, feignant une résistance, jetaient les chats du logis à la face des arrivants et leur jouaient mille tours burlesques, avant de leur permettre de s’asseoir au festin du gâteau[2]. »
Le lendemain des banquets, le jour même de l’Épiphanie, les différents rois de la fève, donnant le bras à leurs reines,
- ↑ Que notre coq ait chanté ; — Nouter pour notre ; on voit que la terminaison latine er a été conservée sur quelques points du Berry. C’est la prononciation germanique des Francs qui changea la désinence er en re. — Voici l’explication de quelques-uns des autres termes de cette chanson : — Fred, froid ; — Calons, noix ; — Tric et trac, troc pour troc.
- ↑ M. Ribault de Laugardière. la Bible des Noëls, p. 57. Voy. dans la Fête des Rois à Azy du même auteur, le chant qui était en usage, il y a une vingtaine d’années, dans cette commune, pour demander la part à Dieu.