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du vieux temps

être, dans l’âge celtique, un important foyer de population, un centre religieux et politique, où sans doute se célébrait, à chaque renouvellement de l’année, quelque grande solennité nationale. — « Ces centres, dit M. Henri Martin, se nommaient le milieu, la ville du milieu ; meadhon en gaélique. Non-seulement chaque région, mais chaque peuplade avait le sien. Les noms de lieux qui (comme celui de Châteaumeillant, Mediolanum castrum) commencent par medio, mediolann, meadhon-lan, mez-lan, etc., se rapportent à cette origine. La racine est commune au latin et au celtique… Ce nom, si commun dans la géographie celtique, était celui d’Évreux et celui de Milan, et il signifie toujours terre sainte du milieu… Les Bellovakes avaient leur milieu sacré au village de Moliens[1]… »

Au sacrifice de la Vieille de la mi-carême peut encore se rapporter une coutume sanguinaire, que quelques anciens auteurs attribuent à certains colléges de prêtresses gauloises, et particulièrement aux druides de la Loire, les Nannètes.

Tous les ans, à une époque fixe, et pendant la nuit, ces druidesses étaient tenues d’abattre et de reconstruire le toit de leur temple. Elles symbolisaient ainsi l’épuisement et la rénovation des forces de la nature, la fin et la renaissance de l’année. Si, pendant que les prêtresses procédaient à la restauration de leur toit, quelqu’une d’entre elles venait à laisser

    et la période trentenaire qui est leur siècle… C’était par suite de savantes observations astronomiques que les druides avaient adopté cette période… » (M. Henri Martin, Histoire de France, t. I, p. 68 et 69.) — « Leur mois, dit M. Amédée Thierry, commençait, non à la syzygie ou nouvelle lune, ni à la première apparition de cet astre, mais au premier quartier, lorsque près de la moitié de son disque est éclairée, phénomène invariable, tandis que la syzygie dépend toujours d’un calcul et que le temps de la première apparition est sujet à des variations…, etc. » (Histoire des Gaulois, t. II, p. 79.)

  1. Histoire de France, t. I, p. 71, 84 et passim, quatrième édition, 1855. — M. Désiré Monnier prétend que Mediolanum a été formé des mots celtiques mey ou maid (vierges) et lan (sanctuaire), et qu’alors Mediolanum ou Meylan signifie sanctuaire des vierges.